Projet tuteuré, Les ouvrages oubliés du Pavillon d’archéologie, Publication n°4 : M. Bieber, The sculpture of Hellenistic Age, Columbia University Press, New York, 1955 Edition revised 1961.

Le passeport de cette semaine nous amène en Grèce, et plus précisément à l’époque hellénistique, à travers l’ouvrage The sculpture of Hellenistic Age, une publication rééditée en 1961, par les éditions universitaires de Colombia. Cette maison fut fondée en 1893, avec pour but la promotion de disciplines diverses encourageant la publication de travaux ou recherches spécifiques. L’auteure de cet ouvrage est Margarete Bieber, née en 1879 et morte en 1978 ; l’archéologue américaine d’origine allemande a su, malgré la société patriarcale, s’affirmer et devenir une des premières femmes à s’imposer et à obtenir un diplôme universitaire en Allemagne et une bourse à l’Institut d’archéologie allemand où elle affina ses recherches sur l’Antiquité grecque et ses formes artistiques. Après avoir séjourné en Italie, Grèce et Asie mineure, elle transmit son savoir à travers de prestigieuses institutions, comme celles de Giessen, Columbia ou encore Princeton, influençant les futurs figures majeures du 20^e siècle comme Erwin Panofsky, grand historien de l’art et essayiste allemand.

Ce voyage à l’époque hellénistique à travers le médium de la sculpture débute par un cadre chronologique sur les prémices de l’âge hellénistique au 4^e siècle av. J.-C. ; il se termine à la fin de la période, avec l’arrivée de la sculpture romaine au 1^er siècle av. J.-C. L’auteure s’intéresse par ailleurs aux centres artistiques qui vont naître durant cette période extrêmement riche, comme en témoignent les villes de Pergame ou d’Alexandrie. Ce travail met aussi en lumière les plus grands sculpteurs de ces siècles comme Praxitèle, Scopas ou Lysippe qui s’illustrent avec une sculpture de contraste, de mouvement et d’expression, comme Le Laocoon, La Vénus de Milo ou encore La victoire de Samothrace, et autres chefs d’œuvres conçus à cette période, à découvrir dans l’ouvrage et dans les musées.

Ce manuel, qui se focalise sur la période hellénistique – une période sous-estimée au milieu du 20^e siècle par les chercheurs –, est devenu une référence grâce au travail de Margarete Bieber qui a su mettre en lumière à travers de nombreuses rééditions et des recherches multiples, la richesse de cette époque, par une organisation qui dénote de nos bibliothèques actuelles, par des illustrations noir et blanc situées à la fin et non incorporées au texte comme il est de coutume aujourd’hui. Cet ouvrage ne nous fait pas simplement voyager dans une époque ou un pays, mais à travers une évolution des savoirs archéologiques qui, depuis les grandes découvertes, sont en perpétuel changement, comme l’illustrent les nombreuses rééditions de cet ouvrage – les éditions devenant ainsi le témoin des connaissances passées qui se matérialisent dans des ouvrages qu’il ne faut pas oublier.

Marie Oudet, étudiante en Licence d’Histoire de l’art et Archéologie, 2^e année